France, 2024. Le début de l'année s'annonce pas mieux que la fin de celle d'avant, et celle d'avant en entier et on pourrait remonter encore longtemps en arrière. Assez loin pour entendre de vive voix un appel de 1800 : "À quoi bon des poètes en temps de détresse ?" (Hölderlin). On cherche la réponse du côté du Printemps desdits poètes : l'hiver est d'extrème-droite et on hue son parrain. Des tribunes signées en masse, des protestations en face, la démission de la présidente, tout cela questionne. Untel s'indigne dans la presse de son camp : "Ils pensent que la littérature est une autre façon d’être de gauche". La seule indignation chez lui, c'est qu'on ose accoler des mots qui n'ont rien à faire ensemble : littérature et politique. À quoi bon des idées quand on les dit si bien ?
Au Café-Librairie Michèle Firk, qui tient son nom d'une cinéaste reporter militante anticolonialiste, on aime bien ces collages bâtards et ces liaisons dangereuses. On a donc décidé d'inviter autour d'une table-ronde plusieurs auteurices qui, sacrilège, articulent littérature et politique dans des livres sortis pour beaucoup en même temps : Nathalie Quintane pour l'ouvrage collectif Contre la littérature politique (La Fabrique, 2024), Kaoutar Harchi pour Littérature et Révolution écrit avec Joseph Andras (Divergences, 2024), Mačko Dràgàn pour Abrégé de littérature-molotov (Terres de feu, 2024) et Justine Huppe pour La littérature embarquée (Amsterdam, 2023).
Puisqu'on pense ici que les idées importent, on se demandera ce que peut encore la littérature, de quelles manières on peut continuer à en faire, de l'écriture à la publication, comment on parle de quoi pour avec qui depuis où. Et puisque qu'on aime aussi les actes, on parlera de ce qu'on peut faire, pour de vrai, en plus de "retourner au réel".
La littérature aujourd'hui : poème et fusil ? c'est le 15 février à 19h à la Parole Errante au 9 rue François Debergue à Montreuil.