Le LaM vu par... Anouk Grinberg
Un dialogue entre une sélection d’œuvres de la comédienne et le fonds d'art brut du musée
3 März - 6 September 2020Passed
Dans le cadre de son dispositif Le LaM vu par…, le musée invite Anouk Grinberg, comédienne et plasticienne, à un dialogue avec les œuvres de la collection d’art brut du musée.
À l’issue de plusieurs rencontres et d’un échange avec l’équipe du LaM, une sélection de dessins, peintures et broderies réalisés par Anouk Grinberg sera présentée au sein de la collection permanente d’art brut en dialogue avec des œuvres de Auguste Forestier, Jules Leclercq, Henri Darger, Baya, et d’autres.
« Anouk Grinberg ne peint pas le cri ni l’horrible, même si ses images nous font parfois frissonner d’épouvante ; ce qu’elle peint, c’est vraiment une interrogation très présente sur ce qu’est l’homme. Plutôt qu’une fable, telle celle que nous conte Vercors dans Les animaux dénaturés (1952), elle reprend la méditation de Georges Bataille découvrant Lascaux et ce que ces « merveilles énigmatiques, inattendues, ces figures [qui] éveillaient l’écho de l’une des fêtes les plus lointaines du monde » pouvaient signifier : « Ces traces qu’après des millénaires nombreux ces hommes nous ont laissées de leur humanité, se bornent - il s’en faut de bien peu - à des représentations d’animaux. Avec une sorte de bonheur imprévu, ces hommes de Lascaux rendirent sensible le fait qu’étant des hommes, ils nous ressemblaient, mais ils l’ont fait en nous laissant l’image de l’animalité qu’ils quittaient. »»
Germain Viatte, le 16 novembre 2013
« Moi je brode, parce que c'est beau, et aussi pour moudre fin mes idées, mes penchants. Pendant des heures, je tire des fils, c'est très lent, bonheur lent des pensées fines, l'inverse du jaillissement. Depuis deux ou trois ans que je brode, est-ce que ça m'a rendu plus intelligente ? Oui, si l'intelligence c'est se retenir de trop sentir, de bondir - à la face, dans les bras, dans la gueule du loup, hors de soi, dans la Seine, etc… -. Les fils sont donc des petites clôtures pour m'apprendre à brouter gentiment la vie dans mon petit pré. Sans crier, sans trop m'impatienter, sans pleurer, sans aimer trop, sans monter trop et sans descendre trop, et bien sûr, sans trop parler.
Mettre la bonne couleur au bon endroit, suivre le fil d'un petit paysage, d'un arbre, faire ce qu'il demande et lui apporter ma joie très ancienne devient beaucoup plus important que tout ce qui m'obsède ordinairement, à savoir la vie, les gens, les sentiments, ceux qui mentent, ceux qui nous désespèrent, et ce qui est beau. »
Anouk Grinberg, lettre à Germain Viatte du 3 mai 2012