Ma Aïda
Voici un spectacle formé de 36 courts spectacles. Chaque séquence est une variation sans parole à partir de la même équation : un couple sur un plateau instable de cent mètres carrés, vraie machinerie vivante, tente de se rencontrer. A tout instant, le sol peut s’effondrer sous leurs pieds. Accompagnés par le son continu et ensorcelant de l’orgue à bouche japonais de Tokiko Ihara, ces deux risque-tout lunaires persévèrent sur un plancher qui se délite. Vont-ils parvenir à se retrouver ? Surtout, jusqu’où sont-ils capables d’aller ? Camille Boitel, ici allié à la danseuse Sève Bernard, est un as de la chute et du ratage en chaîne, à la lisière du cirque et du théâtre physique. Le public du Nouveau théâtre de Montreuil se souvient de l’incroyable capharnaüm en déséquilibre de L’Immédiat. Ma, Aïda tient du comique burlesque façon Buster Keaton mais aussi du geste absurde teinté de mélancolie. De quoi réveiller notre empathie et notre appétit pour la frétillante incertitude du direct. C’est aussi la déclaration d’amour à la scène et aux mécanismes du théâtre des deux auteurs-interprètes. Le plateau devient un personnage à part entière, source de surprises qui ouvrent sans répit des brèches dans le réel.