Femme capital
De notre côté de l’Atlantique, on connaît peu Ayn Rand, écrivaine mégalomane qui ne croyait qu’au « chacun pour soi ». Aux Etats-Unis, plus de trente-cinq ans après sa mort, elle reste une personnalité très influente, vénérée par Donald Trump et Alan Greenspan - ancien de la Banque centrale. Pour le musicien Sylvain Cartigny, la détestable Ayn Rand symbolise la mystique du capitalisme. Dans Femme Capital, il décortique le parcours de cette pseudo-philosophe qui a édifié son propre mythe. La « Déesse du marché », comme on l’a surnommée, a ici les traits d’Emma Liégeois, comédienne associée au Nouveau Théâtre de Montreuil. Sa voix pénétrante parvient au creux de notre oreille grâce à un casque audio. Tranchante, quand elle énonce ses théories sur l’idéal masculin, exaltée, lorsqu’elle entonne des standards américains, de Cole Porter à The Eagles. Autour d’elle, les musiciens de L’Orchestre de spectacle du Nouveau théâtre de Montreuil font entendre une énergie collective à l’opposé des délires de ce personnage contradictoire – icône populaire qui méprisait les masses.