Bruno Pradet propose une pièce au souffle puissant portée par une envoûtante musique électro qui évolue vers du classique puis une fanfare revigorante. Dans un univers où la seule mécanique visible est celle des corps, les sept danseurs, poussés dans leurs retranchements par une indéfectible pulsation, comme un battement de coeur, sont bousculés aux confins de transes collectives et de danses rituelles joyeuses.

Sans artifice, ce groupe imbriqué et compact se disloque pour mieux se recomposer en une petite humanité en mouvement perpétuel et répétitif, qui se débat et hypnotise l’attention du spectateur. On rit ensemble, on part au combat ensemble, on s’aime, on meurt ensemble dans une nervosité théâtrale chère à Pina Bausch. Comme électrocuté, le groupe enchaîne concert de râles et mouvements convulsifs ultra-physiques qui nous laissent abasourdis. L’homme est un être social in fine, et c’est à la fois tout son bonheur et son malheur.

Bruno Pradet sait intelligemment rendre accessible la danse contemporaine dans ce spectacle hallucinant, fascinant et quasiment chamanique.