La Vie (titre provisoire) n’est pas un spectacle d’humoriste, pas un concert rock non plus... juste un tour de chant du charmeur François Morel, comédien chez les Deschiens et chroniqueur sur France Inter. L’artiste réveille le souvenir des récitals d’autrefois avec grande drôlerie et modestie. Les chansons comptent autant que les (bons) mots prononcés durant les intermèdes. Le tout est mis en scène avec malice par une autre chanteuse au grand coeur, Juliette.

François Morel égrène ses chansons, mi-drôles, mi-tendres, “joue” avec ses musiciens et avec le public, en faisant mine de se lancer dans des imitations catastrophes. Et quand il s’approprie véritablement un morceau culte de Jacques Brel, Au suivant, il le fait avec âme et conviction. Les mélodies sont légères, les arrangements ingénieux, “vieux style” avec ce qu’il faut de modernité pop et jazzy. Les textes de Morel sont comme à l’accoutumée, subtils, fantasques, doux, mélancoliques et un brin fêlés. On sourit de bonne grâce au manifeste amoureux Selon la police, à l’insolent Petit Jésus, aux savoureux Trucs inutiles ; on est ému par Celui qui - pudique évocation de la perte d’un enfant - ou au nostalgique Petit Préféré.

Le chanteur possède une voix ronde et humaine, animée d’un léger trémolo. Touchant sur scène, La Vie distille un beau parfum d’humanité lucide. Ce spectacle événement réchauffe le coeur d’un public avide de gentillesse. On se sent heureux, en vie.