Fondé en 2011 sous l’impulsion de Frédéric Blondy, l’ONCEIM est un orchestre de 33 musiciens et un collectif qui rassemble leurs projets.

L’ONCEIM se consacre à la création contemporaine dans une approche plastique du sonore, en expérimentant de nombreux modes d'élaboration musicale, de transmission et d'écriture. Dans ce processus de travail, chaque musicien a un rôle créatif majeur, la musique se construisant sur sa virtuosité singulière et le vocabulaire musical qu’il a élaboré sur son instrument.

L’orchestre réunit des instrumentistes de très haut niveau, membres de formations reconnues et exigeantes, venant d’horizons musicaux hétéroclites : musique improvisée (Hubbub, Zoor, Watt), jazz (Orchestre National de Jazz, Umlaut Big Band), free jazz (The Fish, Die Hochstapler, Peeping Tom), musique classique et contemporaine (IRCAM, Orchestre National de France, Ensemble Intercontemporain, Le Balcon, Hodos, Dedalus, 2E2M, Links), musique actuelle (Makhno, Cabaret Contemporain, Zombie Zombie-Lune d’argent), musique expérimentale. Ils développent des pratiques instrumentales qui leur sont tout à fait personnelles. Ils sont interprètes et/ou improvisateurs et/ou compositeurs, et souvent les trois à la fois, ce qui leur permet de rendre pleinement compte des complexités et des subtilités des musiques d’aujourd’hui.

OCCAM OCEAN est un projet exceptionnel, fruit de deux ans de travail entre Eliane Radigue, pionnière et figure de proue de la musique électronique, et les musiciens de l’ONCEIM.

Au début des années 2000 Eliane Radigue abandonne son mythique synthétiseur ARP pour se consacrer pleinement à l’élaboration de pièces instrumentales. Lorsqu’en 2013, Frédéric Blondy lui propose de collaborer avec l’ONCEIM, elle avait essentiellement composé des pièces pour des solistes ou pour petit ensemble de 2 ou 3 musiciens. Alors elle avait d’abord dit non à la pièce pour orchestre le travail lui apparaissant trop colossal.

«(…) mais Frédéric a insisté, et je l’en remercie. L’orchestre est le plus merveilleux de tous les instruments, sa richesse est inégalable. Certes, tous les sons sont possibles avec un synthétiseur, mais il n’y a rien à faire : la qualité expressive des sons électroniques, aussi riche soit elle, reste moindre que celle d’un orchestre. Avec le recul, je peux dire que toutes mes pièces électroniques ont été des compromis : je n’ai jamais terminé une pièce sans me dire que je ferais mieux à la prochaine. Avec mes pièces instrumentales, et particulièrement avec Occam Océan, désormais j’entends la musique que j’ai toujours eu envie d’entendre. C’est pourquoi j’ai tant de gratitude et d’admiration pour les instrumentistes. »

Créée à Paris en septembre 2015, la pièce a circulé en Europe et a finalement été enregistrée dans le pavillon français de la Biennale de Venise en 2017. La sortie du disque sur le label Shiiin, accompagnée d’un magnifique livret de 90 pages qui témoigne de cette grande aventure, est l’occasion de rejouer à Paris presque 4 ans jour pour jour ce monument spectral dans l’acoustique qui a porté toute la création.

C’est dans sa volonté de travailler avec des artistes sonores qui ont peu l’occasion de se confronter à l’orchestre que l’ONCEIM a passé commande à Martin Tétreault. L’artiste pourra compter sur la palette sonore inédite de cet orchestre pour produire une oeuvre à l’image de son approche ouvertement prospective du médium technologique.

"Octave-S (fission-fusions)” est une pièce de 45 minutes qui est une mise en espace d’une octave musicale. La construction de la structure sonore utilise les concepts de l’harmonie, de la mélodie, de la consonance et de la dissonance. “Ici l’octave est disséquée. Une sorte d’autopsie sonore. Elle respire et prend forme via l’interprète et l’interrelation avec les autres joueurs-notes. Elle n’est plus confinée à un clavier ou à un instrument, dans Octave-s, l’octave est spatialisée et se déploie en fonction du positionnement des musicien.nes. Une note un musicien.ne, un musicien.ne un accord, un accord une dispersion sonore. Le concept est simple, mais peut devenir complexe. J’écrirai définitivement des musiques sur une partition mais le platiniste en moi ne sera jamais loin. Je pense entre autre, faire reprendre à l’orchestre des sonorités typiques aux platines comme un disque qui saute, des égratignures et autres défauts sur les surfaces des vinyles, des accelerandos comme lorsqu’on accélère progressivement le tourne-disque, tout ça, dans un esprit très ludique." Martin Tétreault