Exposition de Vincent Mauger - Distance critique

Résonance de la Biennale d'art contemporain de Lyon 2019

Vincent Mauger - Distance critique

Vincent Mauger travaille à partir de matériaux de construction ordinaires (briques, parpaings, palettes de bois, cagettes plastiques…). A l’invitation du CAUE de Haute-Savoie pour créer une installation in-situ, il choisit comme matière première le tube PVC. Découpés, sculptés, assemblés, alignés, ajustés, ces différents éléments en plastique envahissent le sol et remodèlent littéralement l’espace d’exposition de L’îlot-S. Se dessine alors sous nos yeux un fragment de paysage qui entre en résonance avec l’architecture du lieu. La répétition de ces tubes apporte un aspect graphique, proche de l’imagerie informatique, où alternent plein et vide, plat et excroissance tel un paysage lunaire fantomatique. D’un simple matériau banal, un glissement se produit du concret vers l’immatériel, du réel vers l’abstrait ou, du moins, un va et vient entre l’un et l’autre. « Un paysage mental » tel que peut le définir Vincent Mauger.

Le spectateur peut marcher sur l’installation elle-même, lui offrant la possibilité de se confronter à ce paysage artificiel. Le rapport d’échelle est alors perturbé, obligeant à faire une mise au point entre le petit et le grand, le proche et le lointain, le réel et le virtuel. C’est en quelque sorte une maquette de paysage à grande échelle contrainte par l’espace d’exposition, projetant cependant le visiteur dans un univers aux limites qui semblent infinies. Entre l’expérience physique de la déambulation et la représentation mentale de ce morceau de paysage, chacun peut s’imaginer son propre monde.

Notre esprit prend plaisir à la régularité mathématique des alignements, à la rationalité de l’assemblage et à la création d’une maille qui fait de chacun, les topographes d’une nouvelle planète. Mais un doute apparaît. Cette couche de plastique qui recouvre le sol initial serait-elle une interpellation sur les transformations planétaires en cours ? Une figuration inquiétante de l’anthropocène* ? Distance critique a prévenu Vincent Mauger.

*L’anthropocène est un terme relatif à la chronologie de la géologie pour caractériser l’époque de la terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre (wikipédia 07/2019).

Exposition du 9 octobre au 13 décembre 2019 du lundi au vendredi de 14h à 18h.

Inscription au vernissage sur culture@caue74.fr avant le 2 octobre 2019 (merci d'indiquer vos coordonnées complètes et le nombre de personnes)

DEMARCHE ARTISTIQUE

« Ma démarche s’articule autour d’une problématique centrée sur la recherche de matérialisation, de concrétisation de ce que serait un espace mental. J’entends par espace mental aussi bien la construction de pensées qui s’échafaudent face à un espace ou un lieu, que les univers virtuels et constructions mathématiques ou schématiques élaborés pour que chacun puisse se projeter dans un espace inexistant ou éloigné.

Je confronte souvent un espace réel avec une représentation d’une perception mentale d’un autre espace. J’aime jouer sur ce paradoxe qui est de chercher à matérialiser ce que serait un espace mental. A partir de matériaux de construction ordinaires, je reconstruis des représentations de paysage, sorte de paysages mentaux, proches de l’imagerie de synthèse ou de constructions mathématiques et schématiques. Je mets en parallèle des techniques de construction réelles et concrètes avec des techniques d’imageries virtuelles ou scientifiques. Je cherche à rapprocher et à montrer les similitudes entre un système de construction concret et un raisonnement ou une construction d’ordre mental.

Mes propositions interrogent l’idée d’architecture, d’urbanisme et d’organisme en utilisant des matériaux de construction pour formuler des fragments de paysage jouant sur le décalage des rapports d’échelle et invitant au déplacement aussi bien physique que mental. Il s’agit de mettre en place des processus, des systèmes de construction simples, et de donner à voir une proposition ouverte réalisée à partir de ces systèmes. Les principes d’assemblages, de montages des pièces restent visibles ; ainsi le spectateur peut s’en emparer mentalement et s’imaginer poursuivre la construction aussi bien qu’en modifier la configuration. Mes propositions sont fabriquées à partir de matériaux simples : métal, carrelage, bois, verre.... Ces matériaux restent identifiables mais la façon de les utiliser crée un décalage par rapport à leur aspect ordinaire. Mes installations constituent une sorte d’ébauche, de croquis se développant dans l’espace. Ainsi se superposant à l’espace réel, on découvrira des morceaux de paysages, en quelque sorte des prolongements de l’espace, concrétisant à la fois des images mentales et des lieux propices à la réflexion. » Vincent Mauger

Pour plus d'infos sur le travail de Vincent Mauger : www.reseaux-artistes.fr/dossiers/vincent-mauger

Photo : Vincent Mauger, système adéquat, 2013 - patio de la maison rouge - Fondation Antoine de Galbert.

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