La Revue Documentaires n°29 – Le film comme forme de vie?

Présentation du numéro par ses coordinateur·es, Monique Peyrière et Christophe Postic - extraits de films à l'appui

Qu’attendre d’un film fait « avec » les filmés ? Comment ceux-ci entrent-ils dans l’écriture d’un récit ? Comment certains films réalisés sur une longue période dans des situations complexes d’exclusion, de relégation, d’enfermement accueillent-ils l'écriture fictionnelle ? Pour approfondir ces questions qui, depuis Flaherty, traversent les pratiques du cinéma documentaire, nous avons souhaité mener une enquête auprès de cinéastes et de leurs « acteurs » auxquels nous avons proposé de documenter ce qui trame le réel de leur rencontre, ce qui de leurs vies donne forme au film.

Cette réflexion sur les « mises en commun » entre ceux qui filment et ceux qui sont filmés s’inscrit dans la continuité des ateliers menés en 2015 et 2016 pendant les États Généraux du film documentaire de Lussas, intitulés « la fable documentaire » et « Les Bonnes manières » qui portaient attention à la fonction de fabulation au cinéma. Ainsi les films dont se fait l’écho ce numéro de la Revue Documentaires consacré au film comme forme de vie ? se tiennent au plus près des vies ordinaires, au moment où elles s’emparent du cinéma pour tenter de décoller des contraintes du monde et dans cet écart ainsi construit trouver matière à rébellion, mise en mouvement d’une vie, acte premier du cinéma.

Par la diversité des textes récoltés ce numéro aide à mieux comprendre la double expérimentation qui se joue dans ces films : celle de décrire les vies sans leur imposer une forme qui leur préexiste, et conjointement, celle de tenir ces vies suffisamment à distance dans le respect des secrets des existences fragiles et vulnérables.

Ces films cherchent ailleurs. À montrer des formes de vie assumées, à les réfléchir, à en détourner les images, à désynchroniser les sons, à les réutiliser, à les citer, à les reprendre encore, en les déplaçant. Égalité visée des vies capable de délier les corps corsetés dans des images déjà excessives, pour laisser place au jeu, avec le monde. Un cinéma de l’essai qui a pour ambition d’accroître la conscience de ce qui se débat.


Depuis 1992, La Revue Documentaires poursuit sa démarche de réflexion, de critique et d’échange autour du cinéma documentaire.

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A propos du lieu

Ouvert du mercredi au samedi de 14h à 19h et pendant les événements

Accès: entrée libre

Café librairie Michèle Firk