L’humain dans le vivant
Gilles Boeuf, biologiste, spécialiste du Pacifique Sud expose, dans le cadre de l’Université Populaire des Hauts de Garonne, plusieurs données fondamentales afin d’éclairer le public sur l’indispensable nécessité de relier l’humain au vivant et ce qui conduit aujourd’hui aux transitions que nous vivons. Une conférence passionnante, au cœur d’une actualité brûlante et accessible à tous.
Gilles Boeuf est spécialiste de physiologie environnementale et de biodiversité, professeur émérite à Sorbonne Université, président du Centre d’étude et d’expertise sur le bio-mimétisme (CEEBIOS), professeur invité au Collège de France, ancien président du Muséum national d’Histoire naturelle, ancien conseiller scientifique au Cabinet du Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la Mer, conseiller régional de la Nouvelle- Aquitaine, en charge du programme One Health. Il donne de nombreuses conférences publiques essentiellement sur la vie dans l’océan, les ressources vivantes, le rôle de l’eau dans le vivant, la biodiversité et les interactions humain-nature.
Pour Gilles Boeuf, l’humain se différencie en Afrique entre 4 millions d’années (Ma) et 400 000 ans alors que la biodiversité le fait depuis 4 milliards d’années dans tous les écosystèmes de la Terre, océaniques et continentaux. Bien entendu, il ne saurait question ici de « sortir » l’humain de la biodiversité et de la nature, il en fait partie, mais il s’est si singulièrement comporté qu’il est aujourd’hui devenu la plus puissante force évolutive sur notre planète. Les « grandes dates » de l’expression de cette « singularité », tout en demeurant profondément animal, ont été la domestication du feu, il y a plus de 500 000 ans en Afrique, puis l’invention de la culture de végétaux et la domestication d’animaux vers 12-8 000 ans, et enfin l’invention de la machine à vapeur et la soif d’énergies fossiles à la fin du XVIIIe siècle. L’invention et l’utilisation de la bombe atomique en 1945 lancera une course « au progrès » frénétique, en accélération constante, doublée d’un « boom » démographique sans précédent puisque nous avons multiplié par 4 le nombre d’individus sur 80 ans. Les travaux récents sur l’incroyable interrelation entre les micro-organismes et les plantes et animaux amènent à penser bien différemment l’évolution biologique et les bases de l’écologie aujourd’hui. Alors, passer de faber à sapiens doit impliquer le respect, le partage, la tolérance, l’humilité, la prévoyance et de rompre avec la cupidité ! La recherche scientifique est encore plus indispensable dans un tel contexte. La semaine dédiée par l’IUCN à Marseille à la biodiversité en septembre 2021 souligne tous ces aspects. Acceptons définitivement que nous sommes dans cette biodiversité, pas à côté, que nous avons besoin des autres, et trouvons les moyens de nous ré-harmoniser avec le vivant. Puissent les 15 gènes de ce Coronavirus tout récent représenter l’électrochoc collectif dont nous avons tant besoin.