Le pénitencier pour enfants de l'Îlet à Guillaume : une enfance sacrifiée pour un patrimoine oublié
Au XIXe siècle, les pénitenciers pour enfants fleurissent ; petits vagabonds et miséreux se retrouvent fréquemment jugés et condamnés, pour assurer la quiétude des bons citoyens. À La Réunion, les jugements sont aléatoires et les peines (démesurées par rapport aux délits commis) sont d'abord purgées au pénitencier de La Providence (à partir de 1856), puis quelques années après à celui de l'îlette à Guillaume en amont de la rivière Saint-Denis.
De 1864 à 1879, le pénitencier de l'îlette à Guillaume va recevoir de jeunes condamnés (7 à 21 ans) qui évoluent dans une semi-liberté et sont affectés aux travaux nécessaires à la création de l'établissement pénitentiaire. La main-d'oeuvre bon marché constituée par les petits bagnards va, quinze années durant, façonner ce plateau de l'îlette à Guillaume qui fait partie de notre patrimoine réunionnais, puisque protégé au titre des monuments historiques depuis 2008.
Le site de l'îlet à Guillaume est resté plongé dans l'oubli pendant plus d'un siècle. Son caractère répressif à l'encontre de mineurs miséreux, ses conditions de vie pénibles, ont rendu sa mémoire tabou comme si les blessures étaient encore mal cicatrisées. Depuis cette année, il fait l'objet d'une réhabilitation qui rend indispensable d'ouvrir ce pan de notre histoire au grand public.
En s'appuyant sur la projection d'une iconographie d'époque, cette conférence permettra une meilleure connaissance — voire une découverte — d'un chapitre du XIXe siècle où jeunesse et patrimoine étaient intimement, mais tristement mêlés.