MICKAEL KENNA La lumière de l'ombre, photographies des camps nazis
Du 10 mars au 27 mai, le Musée départemental de la Résistance & de la Déportation présente l’exposition La lumière de l’ombre, photographies des camps nazis du photographe Michael Kenna, en partenariat avec le Mémorial du Camp de Rivesaltes et le Musée de la Résistance nationale (MRN).
Depuis plus de 40 ans, en digne héritier de la tradition photographique anglaise, Michael Kenna parcourt le monde pour fixer sur la pellicule des paysages, des lieux, des atmosphères. Dès la fin des années 1980, pendant 15 ans, l'un de ses travaux le conduit dans les camps de concentration, alors que les survivants des camps disparaissent peu à peu. L’exposition du Musée départemental de la Résistance & de la Déportation présente une partie de ce fonds photographique donné notamment par l’artiste au Musée de la Résistance nationale. « Près de 80 clichés seront visibles ici, explique Antoine Grande, le directeur du musée toulousain. L’approche est tout à fait particulière puisqu’il s’agit d’un travail esthétique sur les questions de la Déportation. Si on peut de prime abord être gêné par cette esthétisation, le regard de Michael Kenna permet une autre transmission de la mémoire. »
Montrer les traces
Comme l’indique l’artiste : « Parfois, le photographe est investi d’une étrange responsabilité d’avoir à documenter, et à produire des images qui, d’une certaine manière, représentent quelque chose qui n’est plus là. » Alors comment montrer les traces de l’indicible ? « Dans un musée d’objets comme le nôtre, poursuit Antoine Grande, à l’heure de la disparition des témoins, c’est bien la question de marquer une présence, de montrer ces traces, qui nous anime, et les œuvres dialogueront avec notre collection. Aussi, La Lumière de l’ombre est-elle une exposition photographique et artistique mais également mémorielle. » Et Thomas Fontaine, directeur du Musée de la Résistance nationale qui a produit l’exposition, d’appuyer : « À travers un projet sombre et intime, longtemps resté personnel, Michael Kenna entreprend ainsi de lutter contre l’oubli impossible. » De façon complémentaire, le Mémorial du Camp de Rivesaltes présente d’autres éléments du travail du photographe accueilli en résidence dernièrement.
L'émotion comme outil du travail de mémoire
« En proposant cette exposition, nous nous efforçons d’aller chercher dans l’intime de celui ou celle qui est face à la photo » éclaire Antoine Grande. De par « la force émotionnelle » qui se dégage des images de ces lieux de mort photographiés par Michael Kenna, l’événement questionne sur « l’action à mener pour que l’approche sur un tel sujet, qui appartient à l’histoire, qui doit être dit avec l’exigence de l’histoire, ne soit pas uniquement scientifique mais qu’il soit aussi quelque chose que l’on ressent. Et c’est là que l’art, et la photographie en particulier, est un médium formidable. » Propos que complète Thomas Fontaine : « Par son travail du noir et du blanc, par son traitement de la lumière et du temps qui s’étire et révèle une présence invisible, par sa spiritualité qui se dégage de ses photographies, Michael Kenna attire notre regard sur les camps nazis, comme Jorge Semprun y posa ses mots. »