Il pourrait s’agir d’une enquête policière : entre flashbacks et scènes d’interrogatoire, les fausses routes s’accumulent et le public se laisse emporter. Jérémie est-il mort parce que son père était absent, sa mère irresponsable ? Peut-il s’agir d’une bavure policière ? L’écriture oscille entre présent de l’enquête et passé des souvenirs de Jérémie. Tous tentent d’y voir plus clair, mais tous s’emmêlent. Les rapports familiaux deviennent tout à la fois terribles et joyeux, les policières prennent un air burlesque. L’enquête patine, le spectacle n’en devient que plus riche et foisonnant.
Inspirée par plusieurs textes de Dostoïevski, Lara Marcou dresse le portrait d’une époque, cet « âge bête » qui est peut-être le nôtre. Tous les personnages, semblables à ceux de Crime et châtiment, cherchent à se figurer quelque chose de plus grand qu’eux : un père, une idole, un dieu… La figure du père, du surhomme, traverse la pièce et les souvenirs de Jérémie. Jérémie, le seul qui n’est pas guidé par l’orgueil, cet Idiot dont tous cherchent à comprendre ce qui pouvait vraiment compter pour lui. Il en résulte une enquête policière pas comme les autres, un spectacle détonnant et fascinant.