Peut-on traduire cœur à cœur ?
Peut-on vraiment transmettre les émotions d’un texte antique ? Maxime Rovère explore comment la traduction des 𝘓𝘦𝘵𝘵𝘳𝘦𝘴 𝘢̀ 𝘓𝘶𝘤𝘪𝘭𝘪𝘶𝘴 de Sénèque peut parfois censurer le cœur.
Dimanche 9 novembre, 10h30Tremenet
Aménagements à l'accessibilité
Handicap moteur

Maxime Rovère © Pascal Ito, Flammarion
Réflexions sur la censure de l’émotion chez Sénèque
Si la traduction littéraire a vocation à faire passer un texte d’un monde à l’autre, la tradition philosophique lui pose deux difficultés particulières.
L’une, évidente, vise à introduire dans une langue des concepts forgés dans une autre : Cicéron passant du grec au latin, Descartes passant du latin au français, se sont heurtés à cette difficulté. Mais il y a parfois plus embarrassant, lorsque la sensibilité éloigne les traducteurs des auteurs au point qu’ils deviennent incapables de restituer, voire de tout simplement reconnaître, leurs émotions.
C’est ce qui s’est passé avec les Lettres à Lucilius de Sénèque : à mesure que ce texte était de plus en plus lu dans les langues européennes, il s'est trouvé orienté vers plus d’abstraction, profondément intellectualisé. Comment expliquer cette déformation ?
Pouvons-nous encore rappeler à nous l'"animus", siège des émotions, "cœur" sensible de cette philosophie ?
Par Maxime Rovère, auteur.
traduction, Maxime Rovère, auteur & texte antique