16 mai - 19 juillet

Jean Janssis : Les corps impressionnés

Jean Janssis : Les corps impressionnés
Les photographies de Jean Janssis ont de quoi surprendre : brunâtres comme de vieux clichés, gigantesques comme des affiches, tirées sur un papier crème épais et duveteux !

« Les photographies de Jean Janssis ont de quoi surprendre : brunâtres comme de vieux clichés, gigantesques comme des affiches, tirées sur un papier crème épais et duveteux, habituellement réservé au dessin et à l’estampe ! Et, pas plus que le support, l’image n’est lisse. Une sorte de terre ou de charbon semble napper la surface du papier d’où jaillissent des morceaux de corps nus ou de visages, ici et là baignés d’une lumière violente avant de s’enfoncer à nouveau dans les ténèbres. A l’érotisme de ces corps voluptueux, s’ajoute la sensualité de la matière, qui émane de ce papier velouté et des pigments charbonneux qui subsistent en léger relief sur l’épreuve. À l’ère du numérique, de la profusion d’images colorées et du papier glacé, du pris sur le vif, de l’instantané et du mouvement, « l’œuvre au noir » de Jean Janssis, tout de silence et de gravité, évoque plutôt un tableau du Caravage, une sculpture de Michel-Ange ou une eau-forte de Rembrandt. Serait-il passéiste ?

Non, évidemment ! Jean Janssis, certes, utilise une technique très ancienne, la gomme bichromatée, qui remonte aux origines de la photographie et abandonnée tout aussitôt. Cette technique, seule, pouvait lui offrir un contact avec la matière qui l’intéressait. À force de recherches, d’essais et d’erreurs, il en a redécouvert tous les secrets, exploré et maitrisé tous les aspects pour conférer à ses images, à la fois une évidente matérialité et une sorte d’intemporalité pourtant bien ancrée dans le monde contemporain, dans un monde, le sien, à la fois universel et singulier. »
Extrait du texte L’œuvre au noir de Anne Gersten, historienne de l’art.