Simplement William Sheller

Né en 1946, William Sheller constitue sans doute un des plus beaux exemples de chanteur-compositeur, dans un style de chanson française qui puise abondamment dans le répertoire savant tout en ne reniant jamais l’ancrage populaire de ses compositions. Débutée il y a cinquante ans, la carrière musicale de William Sheller est marquée notamment par la parution de treize albums studio (entre 1975 et 2015), de sept albums live, mais également par la composition d’une demi-douzaine de musiques de film et de nombreuses œuvres instrumentales ou vocales (pour chœur, pour orchestre, pour quatuor à cordes, ou encore pour piano). Le va-et-vient incessant entre l’écriture de chansons et la composition d’œuvres instrumentales est une des caractéristiques majeures de sa production : "Mon travail est avant tout une recherche sur le langage au niveau d’une esthétique musicale. Je ne suis pas un chanteur qui fait des symphonies mais un compositeur de musique qui s’intéresse à la chanson parce que c’est un art populaire et merveilleux dans le sens où il joue sur les émotions, sur les sentiments, sur les images." Ainsi, les références savantes, l’écriture ambitieuse pour orchestre, les arrangements pluriels et multiformes, la variété des courants stylistiques traversés (pop, rock, variétés, symphonique…) nourrissent une œuvre singulière et riche, qu’il est grand temps d’étudier pour en comprendre la profondeur et la complexité. Si la réception populaire de l’œuvre de Sheller s’est longtemps fait attendre, l’album piano-voix Sheller en solitaire, en 1991, a définitivement adoubé un artiste dont on ne cesse, depuis, de redécouvrir les facettes. Associé, de différentes manières (direction, composition, arrangements…), à Barbara, Dalida, Jacques Higelin, Nicoletta, Gérard Manset, Catherine Lara ou Marie-Paule Belle – liste non exhaustive –, William Sheller se voit aujourd’hui fréquemment cité comme influence majeure par des artistes comme Vincent Delerm, Florent Marchet, Benjamin Biolay, Jeanne Cherhal, Albin de la Simone, ou Juliette Armanet, qui louent notamment son écriture poétique, l’univers onirique de ses arrangements, son audace harmonique et mélodique.

Si cette journée d’études « monographique » se veut résolument musicologique, elle est également largement ouverte aux popular music studies dans leur ensemble, tant l’œuvre de Sheller semble concerner de nombreuses problématiques.