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Entretien d'Issy : Auguste Renoir, par Emeric Pinkowicz

Découvrez l'oeuvre de l'artiste à la lumière de sa vie, avec Emeric Pinkowicz, conservateur des musées de Cagnes sur Mer.

Son père place Pierre-Auguste Renoir en apprentissage chez un peintre sur porcelaine à l’âge de 13 ans : comment développe-t-il ensuite son talent ?

Emeric Pinkowicz : Renoir bien que né à Limoges en 1841 est un petit Parisien : sa famille emménage dans la capitale en 1844. Il y passe son enfance. A 13 ans, il commence en effet son apprentissage auprès d'un peintre sur porcelaine. Parallèlement, il suit les cours de l'école municipale de dessin et à partir de 1860 obtient l'autorisation d'aller travailler au Louvre. Là sont ses maîtres! Il poursuit sa formation auprès du peintre Charles Gleyre dans l'atelier duquel il rencontre Sisley, Bazille et Monet...

Il peint beaucoup aux côtés de Monet à Argenteuil, de Cézanne à l’Estaque, et fréquente les impressionnistes de son temps : qui a influencé son travail ?

EP : Renoir se lie d'amitié avec Monet, avec Cézanne...Ils ont peint côte à côte, exposé sur les mêmes cimaises. Ils fréquentaient les mêmes cafés, les mêmes amis, les mêmes quartiers. Inévitablement, des influences peuvent nous apparaître. Mais je retiendrai avant tout la volonté que Renoir avait de toujours chercher, de questionner, j'entends d'un point de vue pictural. Ce qui l'éloignera du mouvement impressionniste du reste.

Son épouse a une place de choix dans ses toiles : dans quelle mesure sa vie privée a-t-elle influencé sa production ?

EP : Aline Charigot qu'il rencontre en 1879-1880 et qui devient Mme Renoir en 1890 restera aux côtés de Renoir durant près de 35 ans. Ils auront trois fils : Pierre, Jean et Claude. On la présente volontiers comme une maîtresse de maison au bon sens affirmé mais éloigné des questions artistiques. Or Aline est d'abord un modèle pour Renoir (puis sa maîtresse, son épouse et la mère de ses enfants). Elle pose et apparaît sur nombre de chefs d'œuvre du maître. Surtout dans les années 1880. L'âge venant, elle s'occupe surtout de maintenir à Paris, à Essoyes où ils séjournent en été et à Cagnes, les conditions nécessaires à la sérénité dont Renoir a besoin pour peindre.

Dans ses dernières années, il peint à Cagnes sur mer, librement, sans commande. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

EP : Renoir s'installe à Cagnes à partir de 1903, il y séjourne principalement l'hiver. Cagnes et ses alentours sont alors préservés du tourisme, de l'urbanisation et de la modernité. Pour Renoir, c'est un refuge d'authenticité et de ruralité qu'il peint inlassablement; il peut encore à cette époque se déplacer et peindre en plein air. Un chiffre en atteste : de 1903 à 1910 il peint près de 220 toiles qui ont pour sujet Cagnes. Son travail est alors marqué par la liberté. Vivant confortablement, il peut alors choisir ses sujets et s'affranchir des commandes. "Je peins pour moi, je peins pour quelques amis" confia-t-il à un critique à propos de sa peinture à Cagnes.

Ses fils, Pierre et Jean ont évolué dans le cinéma, Claude est connu en tant que grand résistant. Quelle relation Pierre-Auguste avait-il avec eux et dans quelle mesure les a-t-il influencés ?

EP : Ses trois fils embrassent des carrières artistiques. Ce n'est certainement pas un hasard. D'un point de vue artistique, il faut rappeler que ses trois enfants ont été des modèles, en particulier Claude, surnommé affectueusement Coco et dont la blondeur enfantine ravissait Renoir. C'est certainement en lisant le très beau texte que Jean Renoir a écrit sur son père que se trouve la réponse à cette question. On ressent la profonde admiration d'un fils pour son père et pour son œuvre.

Date(s)

  • Novembre 2018

    • Jeudi 08 20:00 - 22:00

À propos du lieu

Hôtel de Ville d'Issy-les-Moulineaux

62 rue du général Leclerc, 92130 Issy-les-Moulineaux, Hauts-de-Seine, Île-de-France

Accès :

Il abrite un salon 18e siècle (reconstitué), des décors peints et sculptés et une salle multimédia. Plus qu'un bâtiment, cette ancienne demeure est un témoin de l'Histoire. À l'image de la Cité, l'Hôtel de Ville allie esthétisme et modernité des technologies.



Réalisée sous le règne de Louis XV par le grand architecte Étienne-Louis Boullée, l'ancienne résidence de campagne du financier Nicolas Beaujon devient en 1837 l’annexe du couvent Notre-Dame des Oiseaux. C'est en 1895 que le bâtiment devient la Mairie d'Issy. À son arrivée, la Municipalité opère de nombreuses transformations dans les bâtiments, confiant les travaux à l'architecte Louis Bonnier. L'ancienne maison de plaisance est radicalement transformée pour être adaptée à sa nouvelle fonction. Une grande salle du Conseil - actuelle salle des mariages - est alors conçue, ornée d'une peinture : La Seine à Issy et d’un groupe sculpté de grand intérêt : L’Apothéose de la République, dû à l’artiste isséen Camille Lefèvre. L’escalier d’honneur est lui aussi doté d’un décor de qualité sous la forme d’une longue toile marouflée intitulée La Vie, œuvre du chef de file de la fameuse École de Nancy, Victor Prouvé.

Horaires :
jeudi 08:30–19:00
vendredi 08:30–18:00
samedi 08:30–12:00
dimanche Fermé
lundi 08:30–18:00
mardi 08:30–18:00
mercredi 08:30–18:00