"Domination et Sabotage" de Toni Negri, "Mai 68 en France" de Sergio Bologna et Giairo Daghini
Rencontre autour de deux ouvrages avec les traducteurs et les éditions Entremonde
Entrée libre
Nous recevons mardi 11 juin les éditions Entremonde et les traducteurs-trices de deux ouvrages paru récemment:
- Domination et Sabotage, de Toni Negri, publié en 1977 en Italie alors en pleine situation insurrectionnelle.
Domination et sabotage est l’un des textes clés de la « séquence rouge italienne » des années 1970. Une intervention décisive, tant par sa portée théorique que politique, qui se place aux côtés des grands écrits de cette époque. Au-delà des débats tactiques, politiques ou militaires qui ont secoué le mouvement italien, ce texte pose une question toujours d’actualité : comment penser les conditions d’une positivité antagoniste et multiple, capable de ressaisir l’exigence des organisations révolutionnaires contre leur verticalité interne et au-delà de l’unité figée d’un sujet social de référence ? Derrière la reformulation du marxisme comme « logique de la séparation » se trouve le problème politique d’un horizon d’organisation autonome durable, capable de s’affronter réellement avec l’existant sans être aspiré par l’abîme d’une négativité qui rend impossible toute consistance de long terme. Faire « un pas en arrière et deux pas en avant », ici, en France, aujourd’hui, à partir de ces pages écrites il y a quarante ans, signifie alors se réapproprier cette question à partir des expériences concrètes qui lient, pour reprendre l’auteur, la « déstructuration économique » à la « déstabilisation politique », et celles-ci à l’« autovalorisation » collective.
- Mai 68 en France, de Sergio Bologna et Giairo Daghini, récit à chaud des événements de mai 68 publié dès juillet de la même année (dont il est question aussi dans la horde d'or)
http://entremonde.net/mai-68-en-france-67
Cet essai sur Mai 68 – publié en juillet de la même année dans la revue Quaderni piacentini– a été écrit dans le feu de l’action, au milieu des barricades parisiennes. Devenu un classique, sa lecture des événements s’oppose aux interprétations alors en vogue dans la gauche, à la fois institutionnelle et révolutionnaire. Les auteurs, en analysant la révolte des étudiants et des travailleurs, ont en effet ignoré les schémas idéologiques du marxisme-léninisme, du maoïsme, de l’anarchisme, etc., en mettant en avant les catégories opéraïstes forgées dans les revues Quaderni rossi et Classe operaia.
Quelques bonnes feuilles du livre de Toni Négri auquel nous nous consacrerons particulièrement sont parues sur ACTA: https://acta.zone/antonio-negri-domination-et-sabotage-bonnes-feuilles/
"Tous les premiers décrets doivent viser à rendre irréversible la conquête du pouvoir, mais en même temps, à l’unisson, ils doivent viser à détruire la réalité du pouvoir en tant que revers de la forme-État capitaliste. En d’autres termes, le renverser véritablement – non pas nominalement, mais substantiellement. En d’autres termes encore, le pouvoir doit être dissous dans un réseau de pouvoirs, et l’indépendance de la classe doit être construite par l’autonomie de mouvements révolutionnaires singuliers. Seul un réseau diffus de pouvoirs peut organiser la démocratie révolutionnaire ; seul un réseau diffus de pouvoirs peut permettre l’ouverture d’une dialectique de recomposition qui réduit le parti à une armée révolutionnaire, à un inébranlable exécutant de la volonté prolétarienne.
Le processus révolutionnaire de l’autovalorisation possède une qualité principale, méthodiquement affirmée : il ne s’étend pas abstraitement mais ramène à soi, concrètement, toute la diversité de contenus et de fonctions du prolétariat."
Une ancienne traduction d'un des textes du livre est en ligne sur le site de Multitudes: http://www.multitudes.net/sabotage-et-autovalorisation/
Évidemment, la discussion sera suivie d'un pot amical.
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Juin 2019
- Mardi 11 19:30 - 22:30